Un semaine en selle. Que d'aventure quand l'on est passager derrière une personne avec un tel tempérament. La cavalière vivait pour les sensations fortes, ceci se voyait parfaitement. Virée rapide et violente pour le séraphin et les autres usagers des chemins qui continuaient la route. En fait, Uriel se demandait si l'urbanisation de Feleth n'était pas un protégé avorté avant même son idée. Mais la présence de la nature étant nécessaire, personne ne s'en plaignait réellement.

La ville était devenue un village. La route pavée était devenue de simples dalles posées. Les bourgs avaient remplacés le village. Les dalles vieilles et usées avaient disparu, laissant place à une terre battue par les bottes, les roues et les sabots. Puis, le duo ne s'aventurait plus que dans des forêts et des vastes plaines. L'herbe était finalement aussi verte qu'en Adiryl. Les arbres étaient plus jeunes et moins touffus. Le décor n'était pas aussi beau que dans le royaume supérieur, mais il restait reposant et paisible.

Uriel avait abandonné l'idée de tenir sa place sur le cheval sur la femme. Elle était plus frêle et légère que lui. S'il basculait, il avait toutes les chances de l'entraîner avec lui. Alors il se tenait directement à la selle de l'animal. Puis Alhone s'était laisser aller. Et là, Uriel aurait pu avoir peur. Recevoir des cheveux dans le visage, légèrement pénible. La paladine qui se dandine sur la selle, carrément terrifiant. Il accueillait les pauses comme il se devait : toucher terre. Et puis, le canasson broyait ses os. Ses craquements étaient presque tonitruants pendant le voyage.

Le premier soir, sa camarade partagea ses idées. Avant qu'Uriel eut à le faire. Juste après avoir croiser d'autres aventuriers, d'autres convois.

-"Si ça ne tenait qu'à moi... Je lancerai un sort pour rendre cette eau non-potable.. Afin de ralentir nos potentiels gêneurs... Cependant je crains ne pas avoir la sagesse suffisante pour faire cela... Il va donc falloir rester vigilant en montant la garde à tour de rôle les nuits venues. Cela vous plait-il messire Sol ?"

-"Hum… Il ne faut pas se laisse aller à la haine et la violence gratuite, de mon point de vue. Et ce n'est pas la sagesse qui permettrait d'empoisonner l'eau, mais la méchanceté. Ou une bonne potion. Quand aux tours de garde… Je pense surtout qu'il faut un camp, ou un repère discret, avant toutes choses. Hum… Je vais remplir d'abord les gourdes."

Et Uriel se saisit des gourdes plus ou moins vidées, attachées à la selle, qu'il plongea dans l'eau limpide.

-"Je pense que, de toute façon, après tant de voyage, tant de poussière, tant de sueur, se laver dans cette eau la rendrait sûrement aigre. Elle ne serait pas empoisonnée cependant."

Uriel partit d'un petit rire en allant replacer les gourdes.

-"J'aime mon humour. Oh vous n'êtes en aucun cas forcée de l'apprécier. Je voulais dire que je vais repérer un peu les environs. Profitez-en peut-être pour vous laver de votre journée. J'en ferai autant à mon retour. Je vous propose ceci, simplement parce que vous devez sûrement avoir besoin d'un peu d'intimité. Et moi aussi, mais ce sera plus tard."

Le séraphin défit son grand manteau, déboutonna la pièce à hauteur de son col et le retira d'un grand geste, laissant apparaître son épaisse et étincelante armure de plaques. Son manteau avait absorbé le gros de la poussière. Le chevalier commença à s'éloigner.

-"Sinon, votre idée de garde est élémentaire. Mais indispensable. Vous ne l'auriez pas proposé, je m'en serai charger."

Grand sourire aux lèvres, Uriel partit s'enfoncer un peu plus dans la forêt.