Écrire un grimoire. Doté d'un prologue. Je dois vraiment me faire vieux, pour copier les anciens de la Tour des Mages.

Je suis un magicien. J'ai étudié, longtemps, forgé mes recherches. J'ai voyagé dans tout Feleth, parcouru quelque peu le Vein, arraché des trésors de littérature à des nécromanciens et des mages de tout genre, me suis battu pour des artefacts divers et variés, tout ça pour compiler tout ce que j'ai appris dans cet épais carnet à ouverture de cuir noir. Vraiment, j'ai atteint le point de non-retour en terme d'apprentissage magique.

Je ne suis pas doué pour écrire des préfaces. Écrire des thèses et études magiques, je peux. Écrire une introduction audites thèses et études, ça c'est bien moins évident. Mais en soit, qu'est-ce qu'un préface si ce n'est quelques mots griffonnés sur une page introductive de grimoire.

Ce livre contient mes recherches magiques, mes études arcaniques, une compilation des sources dont je me suis inspiré, mon testament à la Tour des Mages autant qu'au reste du monde, un compte-rendu de mon vécu et ressentit personnel ainsi que des réflexions personnel sur ma condition démoniaque.

Ce prologue est trop court pour les codes de littératures actuels, mais tant pis.

Chapitre 1: De la Magie Runique.

La magie runique est une magie simple, utile pour maîtriser les bases de n'importe quel domaine thaumaturgique. Le principe de lancement de sort est en soit passablement simpliste.
Il vous suffit d’insérer n'importe quel type d'énergie dans une fine pellicule d'énergie Arcanique. Ainsi, l'énergie enfermée (qu'elle soit de nature élémentaire, nécromantique, démoniaque, angélique ou autre) est stabilisé par un champs magique neutre. Ensuite, il suffit d'aligner les runes dans un certains ordre pour lancer un sort. Même les sorts les plus compliqués peuvent être mis en place runiquement parlant, à condition d'avoir suffisamment d'endurance pour l'énergie et surtout suffisamment de temps. En somme, c'est une magie très sécurisé qui ne demande que du temps de la part du l'utilisateur.

C'est donc une manière parfaite pour pratiquer la magie noire. L'énergie du Vein, utilisée de manière brute ou arcaniquement distillée est dangereuse. C'est une énergie chaotique, corruptrice, destructrice et vorace. Manipulée de manière brute, elle cause souvent la mort de l'utilisateur. Plus sa "pureté" est amoindrie par l'utilisation d'artefacts, d'écoles de magie détournée ou autres moyens auxiliaires, plus les risques diminuent. La magie runique représente l'un des derniers stades du danger. Le risque n'est pas nul, loin de là: il suffit que la couche neutre soit brisé pour que l'énergie noire se retourne contre son employeur. Cependant, la création d'une rune est parfaitement calculé pour que l'énergie arcanique convoqué soit égale à l'énergie sombre qu'elle doit maintenir. Techniquement parlant, donc, aucun risque.

Cependant, malgré son apparente puissance, la magie runique est limitée. En effet, le temps nécessaire pour amasser suffisamment d'énergie pour lancer un sort de haut niveau est tout bonnement trop grand pour pouvoir être admis lors d'un affrontement, d'une situation de crise ou de n'importe quelle situation contre-la-montre. L'utilisateur doit donc, dans de telle conditions, se cantonner à des sorts de niveaux moyens, simples, qui ne font pas le poids face à un utilisateur de magie aguerri. Aussi se pose une question: un mage ayant depuis toujours étudié et maîtrisé uniquement la magie des runes possède-t-il donc de manière innée la capacité d'invoquer n'importe quelle énergie ?

C'est bien sûr totalement hypothétique. Mais il paraît logique de conclure que le mage qui alimente ses runes à l'aide de magie noire peut manipuler cette énergie pour atteindre des niveaux de puissances et de connaissances jusqu'alors tout juste rêvé. Des tests s'imposent évidemment.

Test n°1: Concluant. La magie noire peut être maîtrisée. Cependant, le résultat est passablement désastreux: sans le support de l'énergie arcanique neutre, l'utilisateur se retrouve livré aux flots de magie noire et ne les contrôlent que difficilement. Une petite flamme noire, conjuré tout juste sur l'ongle de mon pouce, à bien faillit emporter mon doigt, pour ne pas dire ma main.

La magie noire demande tests, exercices, travaux personnels, recherches, et artefacts. La sorcellerie est une science tout à fait personnelle, si l'on peut appeler ça une science.

Mise en parenthèse: Réflexion personnelle sur les motivations actuelles.

Pourquoi est-ce que je fais ça ? Toujours une grosse question que celle de la motivation. Pourquoi je me penche sur la magie noire, sur les livres de Béolan, sur ma magie runique ? Pourquoi étudier la magie ? Pourquoi pas la cuisine, ou la danse, ou la botanique ? Les sortilèges runiques, je les ais appris pour maîtrisé l'énergie du Vein qui pulsait en moi. Pour empêcher les flots de magie noire, qui sont mon droit de naissance, d'engloutir tout simplement mon âme.

Mais maintenant ? Cette énergie, je la maîtrise. Elle est mon esclave et mon arme. J'en suit protégé et elle ne peut m'atteindre. Alors pourquoi tenter le Vein, et mettre ma vie en jeu pour maîtrisé cette magie ? Pourquoi m'intéresser à la magie noire plutôt qu'a la magie blanche, sylvestre ou rouge ?

Par arrogance,peut-être. Pour prouver au monde que je peux devenir puissant. Que je peux être plus que le rebut démoniaque, teinté d'émotions humaines que le Vein a un jour craché sur les genoux de ma mère. Pour prouver aux autres démons que je peux être aussi puissants qu'eux. Que je peux me dresser à leurs côtés; les écraser sous ma botte ou encore me hisser jusqu'au rang de démon majeur. Tout ça pour gagner ma propre félicité dans un monde qui n'a que faire des actions du chaton perdu que je suis.

Par envie, alors ? Par pure curiosité de ces puissances noires, par jalousie pour ceux qui les maîtrisent déjà ? Suis-donc suffisamment cupide et envieux pour vouloir mettre toutes mes vies en péril, juste afin d'assouvir des désirs basiques et humains ? Malgré mes racines, je suis un démon. Je n'ai rien d'humain, si ce n'est que suis né avec une conscience. J'étais, suis et demeure un être démoniaque, né dans le feu destructeur du Chaos, forgé dans le métal ardent des profondeurs des 3 Mondes. Ma première inspiration a déversé dans mes poumons l'air vicié du Vein. Mon tout premier regard s'est porté sur un monde ravagé par la magie noire. Je suis né dans les Ténèbres de ces dimensions alors non, je n'ai rien à voir avec l'humanité.

Pourquoi vouloir ce pouvoir, alors ? Parce que je suis un démon. Et que malgré mes belles paroles et ma non-intégration aux armées démoniaques, je suis attiré par la magie noire comme les moustiques par la lueur d'une lanterne, quitte à m'y brûler les ailes. C'est mon instinct de survie primal qui me guide vers cette source. Après tout, je peux le revendiquer par le droit du sang. Je suis sortit du maelström occulte et tordu qu'est la sorcellerie. Si la sombre magie doit briser mes os, écraser ma volonté, mettre en pièce mon âme, brûler ma fourrure, faire bouillir mon sang, lacérer et déchiqueter mes organes un par un, dévorer ma chair et m'arracher de ce monde, et bien soit. Je retournerait aux néants avec honneur. La magie noire, de quelque façon que ce soit, m'appartient. J'étais, suis et demeure un démon. La sorcellerie est mon esclave, ma chienne et mon bouffon.

Chapitre 1: De la Magie Runique.
Hypothèses, théories et suppositions.
Paragraphe griffonné à la va-vite, en continuation du premier, sur un morceau de parchemin greffé en supplément de la page première.

Comme je l'ai dit plus haut, la magie runique est une magique "neutre". Elle correspond à la création d'un "récipient" fait de magie pure, vierge de tout effet, dans lequel on dépose une fine quantité de magie altéré (que ce soit de la magie noire, élémentaire, ou illusoire, peut importe). J'ai, logiquement, supposé plus haut qu'un mage runique alimentant ses symboles par de la magie noire pouvait conjurer cette même magie sans le secours des runes. Et le test n°1 s'étant avéré concluant, ce point n'est plus à discuter.

Poussons le raisonnement un peu plus loin.

La magie runique est une magie rituelle. Les effets décrits plus hauts se forme lorsque sont gravées et nommées les runes, sans nécessairement qu'ils soient portés à la connaissance du mage qui les emploient.
Par exemple, lorsque est créé un cercle runique, le runiste n'a nulle conscience qu'il conjure à la fois énergie arcanique et magie noire: selon ses perceptions, il invoque de la magie runique, qui correspond à un mélange indiscernable de ces deux courants occultes.

Cependant si le mage runique peut raffiner sa magie runique pour n'invoquer que de la magie noire, il paraîtrait alors logique de supposer qu'il lui est tout autant possible d'appeler ou de maîtriser de l'énergie arcanique.
Les possibilités seraient dès lors énormes. En effet, la stabilité des runes se fait par l'énergie arcanique: si le mage runique invoque la magie noire, il maîtrise l'art arcanique dans ses symboles.

Il semblerait dès lors que les runes soient seulement une fine branche sur l'arbre de la maîtrise de l'Arcane: et qui, lorsqu'il contrôle parfaitement une branche d'un chêne massif, refuserait la possibilité d'en remonter les veines de sève pour assoir sa domination sur le coeur battant de l'arbre séculaire ?

Test n°24:
L'énergie du Vein ne vient pas de nulle part. Je suis, après tout, produit des entrailles du monde d'en-dessous. La magie noir coule dans mes veines, autant sinon plus que mon propre sang.
L'invoquer s'est fait plus simple, au fil des jours. Elle répond, désormais, lorsque je la siffle. La maîtriser est toujours bien trop complexe, cela dit. L'énergie sombre qui émane de mes entrailles est vorace, violente et destructrice.

Mais c'est aussi une forme de magie.
Prenons en considération le fait que la magie Arcanique, en tant qu'énergie, est une manifestation brute de n'importe quelle magie. Cela revient à dire qu'elle est la forme brute, pure de tout art ésotérique: l'énergie arcanique est la magie avant que celle-ci soit feu, vent, lumière ou ombre.
Manipuler des sorts arcaniques, c'est manipuler l'essence magique des choses, quelles qu'elles soient.

Considérant ça, il ne paraîtrait pas absurde de considérer qu'il soit possible de distiller la magie noire du Vein pour en extraire l'énergie arcanique qui la structure. Cela constituerait dès lors, pour moi, une réserve d'énergie remarquablement supérieur à celle à laquelle j'ai accès en me basant seulement sur les enseignements des hommes.
La pensée mérite expérience, mais soulève d'autres questions: qu'advient-il dès lors du "surplus démoniaque", tout ce qui dans la magie noire n'est pas magie arcanique ? Est-il possible de "purifier" un démon ou un ange, et de n'en faire qu'un être de pure arcane ?
La nature de démon distord, nécessairement, l'être du démon. La relation constante avec l'énergie chaotique et grouillante qui infeste jusque les os ne peut produire d'être fondamentalement sain. Il y a fort à parier, par ailleurs, que les tatouages runiques de mon dos limitent l'influence du Vein sur ma santé mentale et ma vision du monde.
Quel serait alors les effets sur la psyché d'un être dont le corps n'est plus ni le fruit de la matière, ni de l'ombre ou de la lumière mais de la magie pure ?

Résultats: mitigés. L'idée première était de convertir, à l'intérieur d'une rune, l'énergie du Vein en énergie arcanique. Le pouvoir de la rune s'est volatilisé.
Il y a fort à parier que l'enveloppe, n'ayant plus aucun pouvoir à contrebalancer, s'est retrouvé thaumaturgiquement déséquilibrée et a implosé.
Cependant, aucune trace du "surplus". Expérience à approfondir, sur des phénomènes magiques plus important qu'une simple rune.

Test n°48:
Le surplus semble retourner au Vein. Par où, et pourquoi, je n'en n'ai pas la moindre idée. Se pose aussi la question des effets directs d'une trop forte production de "surplus": est-ce exclusivement métaphysique, ou pourrait-ce se révéler un danger pour les mondes en tant que tels ?

Aucune idée. Je ne pense pas vouloir conduire de test pour répondre à cette question, et préfère la maintenir dans le domaine du théorique le plus longtemps possible qu'il me sera donné de le faire.

Test n°66:
Altérer les effets, voir la nature d'un sortilège, n'a finalement rien de très compliqué. La difficulté, pour quelqu'un de spécialisé dans la magie runique, réside dans la convocation de l'énergie arcanique largement plus que dans la maîtrise.
L'utilisation n'en n'est pas pour autant rigoureusement identique: dans le cas de la magie runique, il s'agissait d'en faire une "enveloppe". Cette fois, il faut pouvoir en faire des outils d'altérations.

*Notes, ajoutées après divers essais sur divers artefacts magiques de piètre qualité, valable dès lors seulement dans le cadre d'un laboratoire, de beaucoup de temps et de sorts de faible complexité. Ces considérations, cependant, ont leur intérêt dans une logique de généralisation théorique.*

Maîtriser les envoûtements fixes est une chose finalement simple. Chaque sortilège est une tapisserie tressées de fils spécifiques, étranges, entrelacés selon le bon vouloir du lanceur: une fois la matrice comprise, il suffit de détisser et retisser l’œuvre. A petite ou grande échelle.
Notons cependant la difficulté passablement plus élevée lorsqu'il est question d'un sortilège actif, ou de l'annulation pure et simple d'un enchantement quelconque. Dans le premier cas, il faut détisser à la même vitesse que l'autre ne tisse; dans le second, il faut faire disparaître intégralement les fils qui composent la tapisserie.

Autre problème majeur: la pratique de la magie affine, naturellement, les perceptions des sortilèges et des enchantements. Mais la magie arcanique nécessite de découper, décortiquer ces derniers en une poignée de seconde, voir d'instinct. Il faudrait pouvoir remédier à ce niveau de perception:
Peut-être pas le biais d'un artefact ? Peut-être est-ce une des possibilités qu'offre la "purification" d'un être démoniaque ?